Le Planning Familial publie son rapport d’activité 2024 et fait un focus sur les violences sexuelles faites aux jeunes
Communiqué de presse du 20/05/2025
Le Planning Familial publie son rapport d’activité 2024 : Défendre les droits sexuels et reproductifs, plus que jamais nécessaires.
Luxembourg, le 20 mai 2025 – « Rappeler que le corps des femmes leur appartient n’est pas un slogan, c’est un droit fondamental. » C’est par ces mots que s’ouvre le rapport d’activité 2024 du Planning Familial. Le Planning Familial réaffirme son engagement en faveur des droits sexuels et reproductifs, dans un contexte politique et social où ces droits restent fragiles et régulièrement remis en question.
Alors que l’Europe est confrontée à une montée des conservatismes, le Planning Familial renouvelle son appel à l’inscription du droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution luxembourgeoise, afin de garantir un accès durable, gratuit, anonyme et équitable à ce droit fondamental pour toutes les femmes.
Le rapport met en lumière la précarité féminine, qui touche 22 % des femmes au Luxembourg (source : Eurostat), entravant leur accès aux soins, à la contraception et à l’information. Le Planning Familial continue à se mobiliser pour accompagner ces femmes, lever les obstacles structurels et promouvoir un accès à la santé plus juste. Toute son équipe reste pleinement engagée pour faire progresser les droits, soutenir les plus vulnérables et garantir à chacun.e l’autonomie dans ses choix de vie.
👊 Violences sexuelles faites aux jeunes : briser le silence, agir avec détermination.
En 2024, le Planning Familial a renforcé ses actions contre les violences sexuelles touchant les jeunes, une problématique encore trop souvent banalisée. Qu’elles soient physiques, psychologiques ou numériques, ces violences portent atteinte à la santé, à la sécurité et à la dignité des jeunes. Elles surviennent dans des contextes variés — famille, groupe d’amis, milieu scolaire ou numérique — et sont exacerbées par des facteurs tels que la soumission chimique, l’accès précoce à la pornographie violente ou encore la pression sociale en ligne.
Selon les données du rapport, 65 % des victimes de violences sexuelles accompagnées par le Planning Familial ont subi un premier abus avant l’âge de 18 ans, et 31 % avant 12 ans. En moyenne, plus de 16 ans s’écoulent entre le premier abus et le début d’une thérapie, soulignant le poids du silence et la difficulté de la reconstruction. En 2024, 127 victimes ont été accompagnées, dont 127 victimes dont 2 hommes. La majorité des agresseurs sont des hommes issus de l’entourage familial ou proche.
Les conséquences sont lourdes : anxiété, isolement, décrochage scolaire, troubles relationnels ou sexuels, sans oublier les difficultés d’accès à la justice. Le Planning Familial insiste sur l’urgence d’intégrer l’éducation au consentement dès le plus jeune âge et de développer une approche globale de prévention.
👉 L’association agit à plusieurs niveaux :
- Interventions dans les écoles et structures d’accueil sur le consentement, les stéréotypes et les violences sexuelles ;
- Accueil gratuit, confidentiel et sans jugement dans ses trois centres ;
- Soutien psychologique, avec plus de 5 600 consultations en 2024, dont une part significative liée aux violences ;
- Plaidoyer pour une réforme législative, dont l’imprescriptibilité des crimes sexuels, en ligne avec la Convention d’Istanbul.
📝 Bilan 2024 : chiffres et actions clés :
Le Planning Familial dresse un bilan 2024 marqué par l’intensification de ses actions en faveur de la santé sexuelle, de la lutte contre les violences sexistes et de l’inclusion sociale.
-En chiffres :
- 77 000 contacts traités dans les centres de Luxembourg, Ettelbruck et Esch ;
- 21 304 consultations médicales, psychologiques et sociales assurées ;
- 8 496 personnes sensibilisées ou formées à l’éducation sexuelle et affective.
-Faits marquants :
- Contraception : Plus de 39 500 préservatifs et près de 3 900 contraceptifs distribués. Le Luxembourg a obtenu la 1ère place au Contraception Policy Atlas Europe 2024. Le rapport déplore toutefois l’exclusion des préservatifs de la politique de gratuité.
- IVG : 1 030 IVG planifiées, dont 87 % réalisées au Planning. L’association soutient l’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution.
- Violences sexistes et sexuelles : 278 personnes accompagnées, dont 127 victimes de violences sexuelles. Appel à une réforme législative sur la prescription des crimes sexuels.
- Précarité menstruelle : Plus de 9 600 paquets de serviettes, 5 700 tampons distribués. Lancement du projet éducatif Sang Pourcent dans les écoles.
- Éducation sexuelle et affective (ESA) : Renforcée dans les écoles et structures non formelles. L’ESA reste un outil central de prévention et d’émancipation.
📍 Une mission sociale et inclusive
Avec une approche globale — médicale, psychologique, sociale et éducative — le Planning Familial s’engage pour une société où chacun.e peut accéder à ses droits sans discrimination.
« L’accès à la santé sexuelle et reproductive ne peut être conditionné ni par les moyens financiers ni par les préjugés. C’est un droit fondamental, et 2024 a prouvé que notre présence sur le terrain reste indispensable. », Ainhoa Achutegui, Présidente du Planning Familial
Contacts Presse :
- ACHUTEGUI Ainhoa, Présidente du Conseil d’Administration du Planning Familial
- aachutegui@planning.lu
- Fatima ROUGI, Secrétaire du Conseil d’Administration
- communication@pfl.lu
- +352 48 59 76 50
💡 Focus sur les violences sexuelles faites aux jeunes
État des lieux à partir des observations de terrain et des statistiques, afin de mettre en lumière les facteurs de risques, les conséquences des violences sexuelles chez les jeunes - mai 2025
Les violences sexuelles chez les jeunes représentent un enjeu majeur de santé publique et de respect des droits fondamentaux. Ce phénomène préoccupant s’aggrave avec l’émergence de nouvelles formes de violences, comme la *soumission chimique* — l’administration de substances psychoactives à l’insu des victimes, dans le but d’altérer leur discernement ou d’entraver leur capacité de résistance. Mais ces violences ne se limitent pas à ce seul mode opératoire. D’autres dynamiques comme les pressions sociales, normes genrées rigides ou violences numériques, exposent encore davantage les jeunes à ces agressions, souvent dans un contexte de banalisation et de silence.
Dans ce cadre, le Planning Familial joue un rôle essentiel en matière de prévention, de sensibilisation, d’accueil et d’accompagnement des jeunes concerné.es afin de lutter contre ces violences.
1/ Voici donc un état des lieux à partir de nos observations et statistiques :
- Une proportion importante des victimes de violences sexuelles est âgée de moins de 18 ans.
- Les filles sont davantage touchées, bien que les garçons soient également concernés, mais souvent sous-représentés dans les chiffres.
- Dans la majorité des cas, *l’agresseur est connu de la victime* (membre de la famille, partenaire, ami), ce qui rend la situation d’autant plus complexe à dénoncer.
- Les violences numériques, comme le *cyberharcèlement, la sextorsion ou la diffusion non consentie d’images intimes*, sont en forte augmentation et touchent des jeunes de plus en plus tôt.
2/ À partir de ces constats de terrain, il est essentiel de comprendre ce qui favorise l’émergence de ces violences afin de mieux les prévenir. Voici les facteurs de risques que nous avons identifiés :
- L’absence d’une éducation complète à la sexualité et au consentement limite la capacité des jeunes à reconnaître une situation abusive ou à se défendre.
- L’exposition précoce à la pornographie, accessible en quelques clics, véhicule des représentations stéréotypées et violentes de la sexualité, où les femmes sont soumises et les rapports souvent brutalisés.
- Les stéréotypes de genre encouragent des comportements dominants chez certains garçons et la passivité chez certaines filles, *rendant difficile l’affirmation de ses limites et de son consentement*.
- Des vulnérabilités individuelles (conflits familiaux, précarité, antécédents de violences) fragilisent les jeunes et les rendent plus exposé.es aux situations d’abus.
- La culture du viol et l’hypersexualisation dans les médias et les réseaux sociaux banalisent les violences et renforcent l’idée que la sexualité se joue dans une logique de conquête et de pouvoir.
- La pression du groupe et les violences en milieu festif : soirées, festivals ou événements étudiants peuvent devenir des lieux à risque, où la consommation de substances et la désinhibition rendent les agressions plus probables et plus difficiles à identifier et donc également plus difficile de réagir et de se défendre.
- L’usage massif des réseaux sociaux amplifie les risques de manipulation et de coercition, à travers : Le chantage affectif ou la sextorsion, où des jeunes sont poussés à envoyer des contenus intimes sous la menace. Le revenge porn, qui expose publiquement les victimes à l’humiliation. Les défis viraux ou les vidéos partagées à l’insu des personnes, qui alimentent une culture de la moquerie, du chantage ou de la violence. Enfin, l’isolement des jeunes victimes, renforcé par la peur du jugement ou la honte, constitue un facteur aggravant et un obstacle à la recherche d’aide.
3/ Face à ces nombreux facteurs de risque, les conséquences pour les jeunes victimes sont souvent profondes et multiformes à différents plans :
- Sur le plan Psychologique : perte d’estime de soi, culpabilité, honte, anxiété, états de stress post-traumatique, idées noires ou conduites suicidaires.
- Sur le plan social : isolement, déscolarisation, rupture des liens familiaux ou amicaux, marginalisation.
- Sur le plan relationnel et sexuel : méfiance, blocages, troubles de la sexualité, peur de la proximité ou de l’engagement.
- Sur le plan physique : blessures, infections sexuellement transmissibles, grossesses non désirées, troubles somatiques et psychosomatiques chroniques.
- Sur le plan judiciaire : difficultés à porter plainte — *manque de preuves, trous de mémoire, peur de ne pas être crue*, honte et culpabilité intériorisées.
4/ Ces répercussions soulignent l’urgence d’une mobilisation renforcée et justifient pleinement les actions mises en œuvre par le Planning Familial pour prévenir ces violences et accompagner les victimes. Voici ces actions :
- Interventions de sensibilisation et de prévention en milieu scolaire et non-scolaire : menées par l’équipe ESA, elles abordent des thématiques comme le consentement, la pornographie, les violences sexistes et sexuelles, la puberté, la contraception, ainsi que les relations saines et malsaines. Ces interventions visent à éveiller l’esprit critique et à favoriser l’expression des jeunes.
- *Accueil, écoute et orientation des victimes : notre espace d’accueil est *anonyme, confidentiel et gratuit*, et permet une première mise en mots, suivie si besoin d’une orientation vers des structures partenaires (police judiciaire, CHL, avocats, travailleurs sociaux, service spécialisé pour les victimes de violences sexuelles).
- *Soutien psychologique : des accompagnements individuels sont proposés pour les jeunes victimes, afin de les aider à traverser les conséquences émotionnelles de ces événements*.
- Travail partenarial et plaidoyer : participation à des campagnes de prévention, collaborations avec les institutions locales et nationales, contribution aux débats législatifs sur la protection des jeunes.
- Information sur les conduites à risques en soirée : diffusion de conseils pratiques (ne pas laisser son verre sans surveillance, repérer les signes d’alerte et les comportements suspects, se soutenir entre ami.es, etc.) et la participation à des campagnes de prévention sur la soumission chimique.
Pour conclure, les violences sexuelles subies par les jeunes sont un fléau encore trop souvent ignoré, minimisé ou mal compris. Il est essentiel de continuer à briser le silence qui les entoure et à se mobiliser collectivement. La soumission chimique, les violences numériques et la banalisation de la culture du viol exigent une vigilance constante et un engagement renforcé de tous les acteurs concernés. Le Planning Familial poursuivra et développera ses actions en intensifiant la formation des professionnel·les, en adaptant et en développant les outils aux nouvelles réalités numériques, en sensibilisant les jeunes et leurs proches aux violences sexuelles, en soutenant la parole des jeunes et en les rendant acteurs et actrices de leur propre protection, et en promouvant une culture du respect, de la bienveillance et du consentement.
Ce travail collectif est fondamental pour construire des espaces sûrs et égalitaires, où chaque jeune peut vivre son corps et sa sexualité librement, sans peur ni violence.
Pour l’équipe psychosociale du Planning Familial : Marijke, Anne-Marie, Marion
À lire aussi...

Le féminisme domine le débat sur l’IVG, et c’est tant mieux !



Nous fêtons nos 60 ans !

